Nouveau projet en cours...
Sinon pour une fois je voudrais directement publier ici des citations retenues de mes dernières lectures, qui m'éclairent réellement sur ma pratique, et qui je pense exprimeront ici beaucoup plus clairement mes questionnements et mes recherches que ne pourront le faire mes propres textes.
Je pense publier d'ailleurs des notes de lectures plus anciennes à l'avenir, car à la relecture de cet ensemble, tout cela paraît encore un peu vague. Un compte rendu plus complet de citations retenues finira par faire cohérence.
- Visages, du masque grec à la greffe de visage de Dominique Baqué :
" Le visage est devenu face, les yeux ne font jamais regard (...). Ici, rien qu'une superficie sans profondeur, un dehors sans dedans, une extériorité dénuée de toute intériorité. Mise à mal sans appel des mythes de l'intériorité : il y a nulle profondeur à déchiffrer (...).
" La vérité du sujet n'est plus qu'un leurre."
-
L'image-corps de Paul Ardenne : " Le portrait tout à la fois, désigne, identifie, inscrit. Il est non seulement un reflet (le moi au miroir) (...), il est encore, surtout, un double, un être parallèle, second visage (...)."
" Le portrait de gloire est celui qui porte l'image au maximum de puissance, (...) qui la fantasme comme puissance infinie. (...) La banalisation de la mise en gloire, sinon son épuisement."
" L'empreinte corporelle du Crucifié, ce premier nu majeur, image de gloire entre toutes."
" Le nu de gloire, soit, sachant toutefois que cette gloire n'existe que pour être disputée, contestée même. "
" Comme la mise en balance d'une chose et de son contraire, le nu de gloire semblant appeler sur lui une contradiction dangereuse, propice a priori à le ruiner. "
" La conséquence, s'agissant en particulier du nu de gloire, c'est un glissement vers l'excès, vers une représentation qui outre son propos. Pour l'artiste, la gloire que le corps mis en image est à même d'incarner va devoir se faire spectacle, se rendre encore plus visible, (...)."
" Pour que le sublime ait lieu, il faut un décollage, un
take off de la raison sensible. Il faut impérativement quitter le périmètre du réel."
" (...) Il reste à la figure à s'emballer, à s'excéder, jusqu'à l'exaltation même, au risque de glorification tapageuse."
" Pourquoi déjà, ce besoin de dévotion, d'adoration ? (...) Pourquoi, de notre côté du monde, terre de matérialisme triomphant, cette religiosité vouée à singer les schèmes religieux les plus codés et les mieux établis qui soient, pour finir recyclés quasiment tels quels (...) ? (...) relevons que l'homme occidental, ce champion d'athéisme, a quelque mal à faire son deuil de la foi (...)"
" Déshumanisante mais propice néanmoins à lester le corps d'une gloire démesurée, la "sur-identité" n'est pas sans produire un effet paradoxal de facticité et d'authenticité cumulées. S'y confrontant, le spectateur fait l'épreuve de cette "anti-nature" (...). "
" Epreuve du faux, du trop, de l'invraisemblable. Dans le même temps, il forme l'impression d'une proposition désirable : (...) le corps de rêve, c'est le fantasme de l'identité réalisée. L'artifice, pour la circonstance, n'est pas la tromperie, il est juste le revers de la vérité, ce
falsum (le "factice") (...). "
"Le thème du double émane de cette valorisation forcenée de l'incertitude d'être."
- Capitalisme et schyzophrénie 2, Mille Plateaux, de Gilles Deleuze :
" Le masque ne cache pas le visage, il l'est. (...) Inversement, quand le visage s'efface, quand les traits de visagéité disparaissent, on peut être sûr qu'on est entré (...), dans d'autres zones infiniment plus muettes et imperceptibles où s'opèrent des devenir-animaux, des devenir moléculaires souterrains, des déterritorialisations nocturnes qui débordent les limites du système signifiant. Le despote ou le dieu brandit son visage solaire qui est tout son corps (...)."
" c'est pourtant curieux, un visage : système mur blanc-trou noir. Large visage aux joues blanches, visage percé des yeux comme trou noir. "
" Le visage fait partie d'un système surface-trous, surface trouée. (...) Le visage est une surface : traits, lignes, rides du visage (...), le visage est une carte (...). "
" Inhumain dans l'homme, le visage l'est dès le début, il est par nature gros plan, avec ses surfaces blanches inanimées, ses trous noirs brillants, son vide et son ennui."
" Le visage a un corrélat d'une grande importance, le paysage, qui n'est pas seulement un milieu mais un monde déterritorialisé."
" Déchirement, mais aussi étirement de la toile par axe de fuite, point de fuite,, diagonale, coups de couteau, fente ou trou : la machine est déjà là, qui fonctionne toujours en produisant visages et paysages (...)"
"Le visage n'est pas un universel. (...) Le visage, c'est le Christ. (...) Jésus superstar : il invente la visagéification de tout le corps et la transmet partout."
" nos uniformes et vêtements (...) opèrent une visagéification du corps, avec le trou noir des boutons et le mur blanc de l'étoffe."
"Le masque assure l'érection, l'exhaussement du visage, la visagéification de la tête et du corps : le masque est alors le visage en lui-même (...). "
" C'est seulement au sein du visage, du fond de son trou noir et sur son mur blanc, qu'on pourra libérer les traits de la visagéité, comme des oiseaux, non pas revenir à une tête primitive, mais inventer les combinaisons où ces traits se connectent à des traits de paysagéité, eux même libérés du paysage, à des traits de picturalité, de musicalité, eux mêmes libérés de leurs codes respectifs. (...) Non pas une collection d'objets partiels, mais un bloc vivant, une connexion de tiges où les traits d'un visage entrent dans une multiplicité réelle (...). "