9 déc. 2009

décalages

version n°1 : photographie originale de Mauro Mongiello et Sophia Sanchez publiée dans le magazine Numéro

version n°2 : après retouche photoshop

version n°3 : image rétroprojetée par un appareil défectueux




Une seule et même image peut exister sous de multiples versions/formes. Cette idée m'intéresse énormément, et dans mon travail c'est justement la transformation, voire la transfiguration de l'image qui m'intéresse. Garder une ossature, et tâcher de ré exploiter le reste.

En avançant le projet des vierges aujourd'hui, je réalise justement que la transfiguration de l'image n'a pas eu lieu. Je suis restée trop proche de la version n°2 alors que j'aurais voulu m'attacher à la version n°3 pour obtenir une version n°4...
Je trouve par conséquent la peinture inintéressante bien que "jolie".
Cette dernière n'étant pas terminée je vais peut-être pouvoir la pousser plus loin par la suite, mais cela sera d'autant plus difficile étant donné qu'elle est quasiment achevée et donc construite. Il va falloir déconstruire pour reconstruire, et le risque dans ces cas là est de tout perdre, de massacrer la peinture et de perdre définitivement l'image.

1 déc. 2009

Désistement

Comme à ma mauvaise habitude, je ne poste que très tardivement.
Je pense arrêter de m'avancer sur quoique ce soit dorénavant, que ce soit les sujets que je traiterai, ou le délais de mes futurs posts.

De même, bien que j' étais certaine de le faire cette année, je repousse le concours des beaux arts de Paris.
Ayant déjà tenté une fois, il ne me reste plus qu'une seule chance et aucune école ne m'intéressant autant que cette dernière, je tiens vraiment à mettre le maximum de chances de mon côté et il faut se rendre à l'évidence, je n'ai pas assez travaillé.
En deux mois, il faudrait que je fournisse une quantité de travail énorme, que j'ai un budget me permettant d'acheter des toiles, de faire mon book, etc, et ce n'est pas vraiment possible.
Pour fournir cette quantité de travail il aurait fallu que je n'ai ni un mémoire à valider à la fin de l'année, ni un travail à côté, et que je bannisse toute sortie.
Bref, les conditions ne sont pas idéales, et je n'ai pas envie de bâcler les choses.

Je continue tout de même d'avancer mes projets et tâche de maintenir le rythme.
Récemment j'ai pu avancer le projet de la vierge :


Aussi, j'ai commencé à tester la mise en scène photographique comme support pour de futures peintures, inspirée par David Lachapelle et Cindy Sherman.


Il me semble que ces photos me permettent d'avoir un contrôle plus précis sur les compositions, mais aussi de maitriser la symbolique et de pouvoir rapprocher dans une seule et même image ce qui m'intéresse : motif / image /simulacre/ masque / mode / sacré / icône.



Je pense rapidement poursuivre dans cette voie là, en utilisant des modèles, des compositions avec 2 ou 3 personnes différentes . J'envisage de faire des esquisses pour les maquillages, les décors, les tenues, les poses etc. Bref pousser un peu plus loin la mise en scène.

Aussi, une référence dont je ne crois avoir jamais parlé _car aujourd'hui moins présente_ mais qui dans ces photos refait surface est celle de Bellmer. (notamment les deux dernières photos).
Je pense d'ailleurs que mon intérêt pour la figure double vient de là, car à l'époque où j'ai commencer à "rétracter" mes triptyques en un seul tableau, j'étais fascinée par Bellmer, je faisais même l'année précédente (2007) du sous Bellmer.

Quelques exemple de "figures doubles" / siamoises, chez Bellmer :




Sur ce, je me mets au travail ...

28 oct. 2009

Let' s go !

J'ai démarré ce blog en ayant en tête l'objectif de maintenir un rythme de production conséquent. Comme un journal de bord pour me préparer aux Beaux Arts de Paris.
J'ai appris récemment que les dossiers seraient à déposer le 19 février pour les personnes qui comme moi tentent de rentrer en équivalence. J'étais persuadée que les dossiers seraient à déposer en mars... (comme lorsque j'avais tenté en 1ère année il y a 1 an et demi) autant dire que je me suis sentie prise de cours.

Bilan des vacances d'été, 3 esquisses de diptyques, et une peinture de terminée.
Pas énorme donc... c'est toujours mieux que l'année dernière où je n'avais strictement rien fait. Certes, ça reste médiocre, même avec l'excuse d'avoir travaillé 35h/semaine.
J'ai également commencé à archiver mes montagnes d'images dans une forme d'atlas (inspiré de Richter) et réfléchi à quelques projets futurs. (mais tout ça ne compte pas vraiment)

Donc depuis quelques jours je m'active, et cela devrait être le cas jusqu'au 19 février .
L'urgence a du bon. En moins d'une semaine, j'ai terminé le diptyque Michael Jackson, et ai enfin entamé les deux vierges à la couronne :


(Je posterais une meilleure vue du projet lorsque j'aurais pu accrocher ce dernier à la fac.)


Aussi, je poursuis mes lectures. Je dois absolument terminer de lire Visages, de Dominique Baqué, et Au fond des images, de Jean Luc Nancy.
Deux livres passionnants et très bien écrits.

Je consacrerai ultérieurement un post entier au diptyque MJ, car je voudrais porter un éclairage plus précis sur les motivations qui m'ont poussée à choisir ce sujet. J'en profiterai également pour parler de mon rapprochement avec la mode, le kitsch, etc., et l'utilisation nouvelle de sequins et de pailettes (pas très visibles sur la photo).

Enfin, une chose que je souhaite évoquer car cela me travaille de plus en plus : je songe sérieusement à faire mes propres images-support. Créer un décor, choisir un modèle, le vêtir et le maquiller. Cela m'enthousiasme énormément. A voir dans les temps qui viennent...
Assez parler pour aujourd'hui, mais je pense poster très prochainement :)

Julia.

28 sept. 2009

Avancement du projet en cours : icôniser et désincarner. Détruire l'image, trouver la peinture.



Le projet avance très lentement, mais il avance... Le plus gros est fait je pense, ne reste plus que quelques arrangements.

Je vais également entamer la lecture de L'image corps de Paul Ardenne, qui je pense va beaucoup m'apporter...

30 août 2009

pensée d'une après-midi



esquisse photoshop d'un projet en cours, fait à partir d'une photographie de mode



Voici un texte écrit il y a quelques jours, un exercice relatif au mémoire. Un éclairage supplémentaire sur ma pratique. Incomplet, inachevé, mais qui dans une certaine mesure me permet tout de même d'y voir plus clair...


Les figures doubles sont des écorchés. Corps ouverts, pelés, disséqués, elles laissent entrevoir une peinture viscérale au-delà de l’image. Elles interrogent la représentation picturale dans son rapport à l’image par le biais de la figuration de l’être. Les figures doubles sont ambivalentes, ambigües, elles tiennent du suspens : entre image et peinture, masque et visage, surface et profondeur, mort et vie, simulacre et véritable, opulences et vacuités.

Les figures doubles s’intéressent aux représentations contemporaines de l’être, par le biais d’images populaires (photographies de mode, de people). Visages sublimés, lissés, retouchés, maquillés, éclairés, transfigurés, nous avons à faire aujourd’hui à des simulacres d’images. Plus que des moulages de cires de visages morts (cf. Imago), les visages contemporains sont des masques de cires bien vivants. Ils constituent des simulacres d’images, des simulacres de masques.

Les figures doubles, dégoulinantes, écartelées, laissent apparaître une faille béante au centre de l’image, endroit où l’on pénètre au-delà du masque, au-delà de la surface, au-delà de l’image. On croirait pouvoir en ce lieu de vacuité dépasser la paroi opaque et découvrir le véritable, car c’est ici même que la figure s’écroule et que l’image disparaît. Mais les figures doubles, jouent d’une mise en abyme de la représentation et mettent en scène les enjeux de la peinture et de l’image (y a-t-il une vérité derrière l’apparence ?). C’est ainsi qu’elles révèlent non pas le véritable, mais le simulacre même, « vérité qui cache le fait qu’il n’y en a aucune ».

Allégories de la peinture même, les figures doubles, plus qu’une répétition ou un redoublement de l’image, agissent en miroir. Ce dernier « donne de la profondeur tout en réduisant le volume en plan »,(1) il est « en quelque sorte une métaphore de la peinture »(2). Il interroge de la même façon les rapports du réel et du virtuel face au véritable, pose le problème du simulacre. L’image n’est-elle qu’un reflet du réel ? Le reflet n’est –il qu’illusion ? Le miroir, paroi, pellicule, écran, est, de la même manière que l’image est le moulage d’un visage mort, le support de reproduction de l’objet réel. Construire une image en miroir reviendrait à couper le moulage en deux, au centre, là où se situe l’axe de symétrie verticale de notre visage. Créer cette brèche par le biais de l’axe vertical, c’est le moyen de chercher le véritable visage de l’image. Mais contrairement à un moulage, le miroir est en fait « un agent d’ambigüité » (3) et il permet alors contrairement au moulage de rendre compte des rapports complexes entre peinture, image, et reproduction (du réel ou de l’image). La construction d’une image en miroir que l’on creuse en abyme crée une accumulation de reflets qui vient perturber la lecture habituelle que l’on peut faire d’une peinture (sujet en premier plan, fond au dernier plan par exemple). En résulte un simulacre qui se révèle lui-même, simulacre de simulacre.

« Entre un objet saisi par la stratégie publicitaire et transformé en fétiche et un sujet de vénération religieuse » (4), les figures doubles « échappent à toute réponse définitive »(5) et bien au contraire se plaisent à jouer des problèmes que posent la peinture et la reproduction du réel. C’est un simulacre d’abyme sans fin, car en réalité la surface reste intacte, et les coulures, en plus de témoigner les blessures infligées à l’image, sont un rappel cruel à la planéité du support. Les figures doubles construisent un système qui fonctionne à vide, tel un serpent se mordant la queue. Elles se nourrissent de contradictions et de paradoxes. L’image se veut détruite, mais « l’aura est maintenue dans et part la répétition de l’identique ». (6)

Cependant, dans les figures doubles, l’utilisation du miroir n’est jamais totalement respectée. Décalages, différences, sont nombreux. « L’écart du reflet marque la présence du peintre en peinture et celle de la peinture dans l’image ».(7) « Le miroir peut donc bouleverser la perception du système mimétique de la peinture lorsqu’il reflète un écart. Il s’agit alors d’une peinture contre l’image : ce qui est peint n’est pas l’artifice d’une illusion, […] ce qui est donné à voir, c’est la peinture comme « corps physique ».(8) « La peinture est le miroir d’elle-même, miroir qui devient un détail emblématique en s’énonçant dans le tableau comme représentation de la représentation. Le reflet dans un miroir apparaît comme ainsi comme une indice de vérité que vise le tableau en pointant du doigt les opérations qui ont construit l’œuvre sur l’art en abyme […].(9)

Les figures doubles, idoles, dieux factices, corps à la fois réel et virtuel, monstre double comme simulacres successifs(10), cherchent la vérité pour mieux montrer le triomphe du simulacre. Au-delà de la vacuité centrale, du rappel à la planéité du support opposée à la volonté de creuser l’image, de la perturbation des codes de lecture le la peinture, « la couleur ici, n’est pas là pour animer le visage, mais pour le déréaliser. »(11) Ces couleurs criardes et acidulées renvoient, tels un miroir, non pas à la réalité, mais aux couleurs de l’univers médiatique, comme suractivées, elles jouent « le jeu de la fausseté ».(12)

Les figures doubles rendent « manifeste le conflit de la toile et de l’écran qui définit le statut de l’image moderne ».(13)



(1)Françoise Cachin, A travers le miroir, de Bonnard à Buren, musée des Beaux Arts de Rouen, 2000.

(2)Françoise Cachin, ibid.

(3)François Chevrier, A travers le miroir, de Bonnard à Buren, op. cit.

(4)Le grand monde d’Andy Warhol, Beaux-arts magazine, p.23

(5)Ibid. p.23

(6)Dominique Baqué, Visages, du masque grec à la greffe du visage, éditions du regard, 2007, p.53

(7)Soko Phay-Vakalis, « De l’écart à la transfiguration », A travers le miroir, de Bonnard à Buren, op. cit. p.57

(8)Soko Phay-Vakalis, ibid. p.59

(9)Soko Phay-Vakalis, ibid. p.61

(10)Voir les Désastres sublimes de Klonaris et Thomadaki.

(11)Guy Scarpetta, L’artifice, Grasset, 1988, p. 103

(12)Pierre Tilman, Monory, Frederic Loeb, 1992, p.56

(13)Bernard Blistène, « logique du banal », art press n°148, juin 1990, p.25

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Plus ça va moins j'apprécie ce genre d'exercice. Même si c'est toujours intéressant à faire, je trouve ça toujours pompeux, et j'ai toujours l'impression de brasser de l'air avec de grands mots. Le problème avec les études d'arts plastiques en université, c'est qu'on nous demande de beaucoup réfléchir, de beaucoup lire et écrire (avec les contraintes du style universitaire). Mais où alors trouve - t' on le temps de produire ? Je considère que la pratique doit être centrale, et autour gravitent l'écriture, les lectures, les réflexions qui en découlent. A l'université il s'agit plutôt du contraire. Voilà une des raisons pour laquelle j'aimerais tant pouvoir rentrer aux beaux arts. Moins de blabla et plus d'action...

5 août 2009

L'icône désincarnée

Voilà un bail que je n'ai pas écrit... Je m'en excuse auprès du peu de personnes qui suivent mon blog, s'il y en a... J'avoue avoir pris un peu de distance, car j'ai du mal à écrire sur un blog qui ne suscite aucun retour. N'hésitez donc pas à poster des commentaires, ils sont les bienvenues, même s'ils sont négatifs, à partir du moment où cela peut-être constructif.

Ce n'est pas évident non plus car je travaille cet été, et je ne peux pas être partout. Mais je pense faire pour les temps qui viennent des posts plus courts. Je posterais ainsi plus souvent. A ce propos la poursuite de mes archives se fera plus tard, pour l'instant place aux nouveautés...

Dernière peinture entamée en date :


J'en reparlerais plus en détail ultérieurement.

16 juil. 2009

Vacuité : suite des archives 2008-2009

Pour en revenir aux deux peintures exposées lors du dernier post :



Bien qu'au départ je pensais être totalement dans la continuité de mes peintures précédentes, il est important de noter ici qu'il s'agit d'un corps siamois plus que d'une figure double.

En toute honnêteté, lorsque j'avais fini ces deux peintures, je ne savais pas quoi en penser. Je n'étais pas consciente du sens qu'elles pouvaient avoir.

Heureusement le master sert à cela (pour ceux qui pourraient se demander à quoi ressemble un master d'arts plastiques ! ) : nous aider à penser notre travail plastique (grosso modo).

Donc c'est par le biais d'une discussion avec mon professeur (Mr Bacquet, artiste et chercheur au CERAP) et mes collègues de classe que j'ai pu prendre conscience de ce qui se jouait ici.

Avant de me lancer, je tiens à expliciter le fait que je rassemble ces deux peintures et ne les différencie pas (bien qu'elle aient des différences). Tout simplement parce qu'elles participent, à peu de choses près, de la même recherche :

- ce sont mes deux premières peintures partant d'une photographie de mode.
- malgré le fait qu'il s'agisse de deux images réunies en une seule, contrairement aux deux peintures précédentes(à chaque fois deux panneaux en carton gris), celles-ci sont réalisées sur toile, sur un seul panneau.
- le corps prend une importance nouvelle, notamment par le biais de la figure siamoise et d' un cadrage plus large.
- la peinture est travaillée plus en transparence, elle est quasiment spectrale.

Donc cette discussion. Nous avons parlé évidemment de beaucoup de choses.
Pour la première toile : d'expansion ; de mode pensée en tant que surface ; des axes comme forme de crucifixion.
Pour la seconde : de sujet polymorphe, démembré (voir Bellmer qui, effectivement, a été à une époque une de mes références majeure) ; du fait qu'ici, la peinture est en retrait par rapport à elle-même ; de signes / objets transitionnels ; du fait que la peinture déjoue ses propres codes par une unification non logique de l'espace (voir le fond) ; d'une dimension iconique concentrée dans les visages. La peinture est ici difforme, son anatomie révélée.

Oui, des fois cela peut être très flatteur de laisser les gens parler de vos travaux... Je n'aurais pas fait mieux. Ce qui est curieux lorsque l'on crée, c'est de constater à quel point nous pensons tous nos gestes sans que cela s'avère forcémment conscient. J'aurais été incapable de fournir un tel discours (et encore celui que je vous rapporte est seulement une prise de note rapide du magnifique monologue que m'avait fait Mr Bacquet :p) seulement quelques jours après avoir terminé ces toiles. Mais au fur et à mesure que ces paroles arrivaient à mes oreilles, cela devenait comme une évidence. C'était exactement cela et j'avais l'impression que tout était dans ma tête au moment même où je peignais mais que curieusement, j'avais été incapable de trouver les mots à mettre sur mes intuitions.

Bref, je m'emporte, mais ce sont vraiment des moments très particuliers que je vous décris ici, ceux où l'on vous révèle à vous même.

Si je n'ai dressé qu' une liste rapide de tout ce qui a pu être évoqué, c'est parce que bien que tous ces indices m'aient énormément aidée et aient continué à être présents dans ma peinture (sauf peut-être en ce qui concerne le corps démembré), ce qui a le plus retenu mon attention est le mot vacuité. (ouf, on y arrive!)

En effet, bien que cette dernière était présente dans mes travaux précédents, notamment le Cobain, ici elle prend un statut tout à fait différent. Elle se positionne au centre même de la toile, là où les deux figures se rejoignent (ou se séparent).
Dans la première toile, elle rend compte d'un écartellement, comme si l'image en tension allait se déchirer ; ou bien d'une collision qui au moment même où elle se produit réduit les corps au néant. Ou bien peut-être est-ce les deux. L'image, incisée en son centre, déployée en miroir, tel un corps que l'on dissèquerait, tiraillée à l'extrême, au bord du déchirement, fini par se rétracter soudainement et imploser.
Quant à la seconde toile, il en est à peu près de même, mais là où elle se différencie, c'est que cette vacuité devient un espace à part entière. On ne sait pas où elle se situe et par conséquent elle perturbe toutes les données spatiales de la toile. On ne sait pas si elle se situe à l'avant ou à l'arrière, et par conséquent il en est de même pour tous les autres éléments. C'est une ouverture certes, mais est-ce un lieu de mort de l'image, où un lieu de naissance? Cette vacuité est là, nous fait face et nous interroge.

Est-ce que la vacuité est ce que l'on trouve lorsqu'on creuse l'image? N'y a t'il que du vide derrière la surface? Comme un masque sans visage. Ou bien, n'est-ce qu'une porte que l'on a réussi à ouvrir et qu'il faut pénétrer pour trouver la vérité?

Ces dernières questions continuent de motiver ma recherche et mes travaux en cours, je n'ai toujours pas de réponse, c'est un sujet si vaste. D'autant plus que mon travail interroge d'autres notions sur lesquelles je dois me pencher également.

Je terminerai ce post (encore trop long ! ) sur quelques citations qui après tout mon blabla finiront toujours par mieux expliciter le questionnement :

"Comment restituer à l'image son relief, sa profondeur? [...] Travail qui vise [...] l'interception des signes masqués, seul capable de faire remonter l'intériorité à la surface de l'écran, et ainsi de le creuser. Au coeur de cet espace [...] la figure humaine fait tâche, promise au figement et à l'effacement, et doit finir sous le glacis elle aussi. [...] Comment, dès lors, retrouver la tactilité de l'image-matière [...] ? En dévirginisant l'image, en l'attaquant par l'ombilic qui la relie aux lymbes. [...] En creusant un trou en son centre."
Youri Deschamps, Blue Velvet, David Lynch.

" Son oeil cherche la vérité dans la trame."
Marc Lambon, "Les messes noires de la Factory, le grand bal de la mort", Le grand monde d'Andy Warhol, Beaux-arts magazine.

14 juil. 2009

Icônes et mode : suite des archives 2008-2009

Une partie très importante de mon travail réside dans le choix des images sur lesquelles je m'appuie.
Après m'être intéressée à des figures cultes de ma génération telles Kurt Cobain et Courtney Love, propices à des recherches sur l'image, les stéréotypes, l'icône et le sacré, je me suis tournée vers un autre type d'image qui me fascine également depuis de nombreuses années : la photographie de mode.
Je pense d'ailleurs que ce type d'imagerie n'est pas si éloigné que cela des photographies promotionnelles de stars. Les codes sont à peu près les mêmes pour mener à une image "icônisante", tels ceux employés par le studio Harcourt .


Ci contre de gauche à droite : Brigitte Bardot photographiée par les studios Harcourt ; photographie officielle de Kurt Cobain ; photographie de mode par Mauro Mongiello et Sofia Sanchez, publiée dans le magazine Numéro.

Faire d'un visage une icône, c'est avant tout l'isoler, le décontextualiser.
Ceci fut une des choses les plus importantes que j'ai apprise et qui est devenue un "outil" clé de ma peinture. Deleuze en parle très bien dans Logique de la sensation, ouvrage majeur pour tout peintre, et ouvrage référence en ce qui me concerne, étant une grande admiratrice du travail de Francis Bacon.


(Il est intéressant de remarquer ici la présence d'un corps en miroir, d'une figure double).


Deleuze parle également de ce processus (l'isolation de la figure menant à l'icône) chez Bergman, le cinéaste qui m'a le plus marquée, et qui a également eu une influence considérable sur l'évolution de mon travail. J'en reparlerai à l'occasion.


Photogramme issu du film A travers le miroir de Bergman.

Aussi, puisque je parle ici de l'icône, j'en profite pour citer le titre d'un autre livre passionnant dont un des chapitres traite des processus de création d'icône. Il s'agit de Visages, du masque grec à la greffe de visage, de Dominique Baqué.

Donc, la mode et les icônes... vaste sujet! Comme l'avait déjà remarqué Warhol à son époque, les nouvelles icônes aujourd'hui sont celles de la mode.
L'aura des mannequins a remplacé celui des actrices, ces dernières n'hésitant d'ailleurs pas dorénavant à devenir égérie de grandes marques de luxe (Dior : Belluci, Cotillard, Chanel : Kidman, etc.). La mode a pris ces dernières années un essor considérable et produit constamment de nouvelles images, plus "pensées" les unes que les autres. Je pense que la photographie de mode a réellement contribué à créer une nouvelle perception du visage, de plus en plus idéalisée, entretenant des liens de plus en plus serrés avec le sacré.

Ne possédant encore que très peu de connaissances à ce sujet, je me contenterai d'exposer l'étymologie de quelques mots :

- simulacre : du latin simulacrum : spectre.
- image : du latin imago : moulage de cire du visage des morts.
- figure : du latin figura : fantôme
- idole : du grec eidolôn : fantôme des morts, spectre, image, portrait.

Quelques "images" :


.

Voilà, je pense qu'après toutes ces maigres indications, je peux montrer les deux peintures faites après celle sur Courtney Love.






Ces deux peintures sont assez faibles par rapport à la précédente. Je les trouve ratées pour dire les choses franchement. Je pense que le choix des images, comme j'en parlais au tout début de ce post, a été mauvais dès le départ. Car si pour arriver à l'icône il est important de supprimer le plus possible le contexte autour du visage, d'isoler ce dernier, le cadrage doit également être assez rapproché... Et ici je pense que c'est réellement ce qui a pêché dans les deux cas. Le cadrage est si large que les visage sont minuscules, et par conséquent la force de présence des figures est amoindrie. J'ai eu à remplir trop de vide, ce qui a totalement ramolli la composition, notamment pour la seconde.

Bref, je ne compte pas m'attarder là dessus, et mon post commence à se faire long. Je poursuivrai ultérieurement, notamment pour mentionner les pistes ouvertes par ces deux peintures, malgré leur faiblesse.

12 juil. 2009

Book en ligne !

Voici le lien de mon book en ligne qui existe depuis quelques semaines seulement. Il n'y a pas tous mes travaux, mais l'essentiel. Cela me permet de donner un aperçu de ma pratique en attendant que le blog soit un peu plus fourni...

http://onerae.ultra-book.com/

Octobre 2008-mai 2009 : déborder l'image

Avant de parler du présent, je pense qu' il est important de parler du passé.
Cette première année de master a été décisive dans ma pratique : elle marque un tournant dans le sens ou je suis passée d'une pratique timide, hésitante, qui tenait plus de la recherche, à quelque chose de beaucoup plus assumé, conscient, autonome. Je sais ce que je fais, pourquoi, quelles sont les ouvertures engagées, les liens visibles avec d'autres pratiques, etc. Je suis passée du flou à la netteté : tandis que je me trouvais auparavant dans un univers quelque peu bancal et flottant, dorénavant un réseau tout à fait logique et cohérent se distingue.


Voici la première peinture que j'ai produite en octobre 2008. Je n'avais rien produit de tout l'été, encore affectée par mon premier échec aux Beaux-arts de Paris et lessivée par un travail précaire 35 heures par semaine. Bref, cette peinture vient de loin. Cette figure double était presque nouvelle, elle avait commencé à émerger quelques mois plus tôt, entre janvier et mai 2008, par une lente rétractation.






Cet été 2008, n'ayant pas peint, j'ai lu. Notamment un livre sur David Lynch (Michel Chion, David Lynch, Cahiers du cinéma), une référence aujourd'hui indispensable pour comprendre ma peinture. A cette époque, j'avais retenu quelques citations qui je pense peuvent éclairer cette émergence de la figure double, que je ne saisissais pas encore complètement : "confusion du religieux et du profane" ; "pour joindre (construire) il faut d'abord séparer. Créer le continu par le discontinu, relier par la séparation. Continuité par l'interruption". "La conscience de l'axe vertical est fondamentale [...] (associée à l'idée d'affaissement ou de redressement corporel)". "Son corps transformé en paysage".
Je ne garantis pas l'exactitude des citations, ma prise de note à ce moment là n'était pas celle d'une étudiante en master ! ;-)

Cette première peinture, donc ! Ce fameux Kurt Cobain, nous dévisageant, cigarette et flingue à la main, fermé et ouvert par endroits, laissant entrevoir une fenêtre ouverte sur un paysage marin (photogramme issu d' A travers le miroir, de Bergman), est l'ébauche de tout ce qui a pu suivre. Je confirmais alors mon attrait pour une figure double, lynchéenne, où la frontière entre réalité et phantasme se brouille, ou l'on ne distingue plus l'original de la copie, la surface de la profondeur, etc.

Je pense ici introduire un texte datant de cette période, car aujourd'hui mes connaissances ayant évolué, je ne serais pas à même je pense de restituer ma pensée au moment ou j'avais effectué cette peinture. Et si je tiens ce blog, c'est avant tout pour rendre compte d'un parcours, et non me complaire à des surinterprétations post-production.

7 novembre 2008 " Les images ont le pouvoir de créer des icônes, des archétypes, sur lesquels nous pouvons projeter nos propres [...] fantasmes. Les images sont des écrans à la fois réceptacles et projecteurs. [...] Quelle est la part de décalage entre la réalité fantasmée et la réalité objective? [...] Je ne m'intéresse qu'à des processus, à la représentation du réel, à l'image de l'image [...]. [...] la peinture [...] a le pouvoir de montrer à la fois la surface et ce qu'il y a derrière."

Voilà, texte assez vague où je ne sais pas encore vraiment dans quoi je mets les pieds...

Puis, avec l'avancée du master et des recherches, mais surtout grâce à la redécouverte d'Andy Warhol, je commence à saisir ce qui m'intéresse vraiment. Andy Warhol, dont je reparlerai je pense dans un post ultérieur, tellement il y aurait à dire à son sujet ! Seconde peinture, donc... toujours 2008.










Une Courtney Love très lascive, cette fois. Cobain et Love reviendront souvent dans ma pratique ; de même je pense que je consacrerai un autre post aux "icônes".
Je ne pense pas en dire plus sur cette peinture pour l'instant et me contenterai uniquement d'ajouter une image qui, je pense, explicite parfaitement ma recherche au moment où j'ai fait cette peinture. Tout le monde aura reconnu l'œuvre de Monsieur Warhol.



Je m'arrêterai là dessus pour aujourd'hui, et poursuivrai assez rapidement le bilan de l'année passée (mais qui continue en fait... ).

5 juil. 2009

Ouverture

J'ouvre ce blog avec un peu d'appréhension, n'étant pas du genre à m'exposer. Il s'agira donc ici d'une sorte de journal de ma pratique, de ma démarche, avec en parallèle des articles sur tout ce qui peut les nourrir. Films, musique, images, lectures, expositions, et sûrement quelques impressions personnelles.

Ce journal s'ouvre à un moment clef, car l'année scolaire étant terminée, je me consacre dorénavant à ancrer mon travail dans le concret, ce blog est au final un moyen comme un autre. C'est aussi une année décisive avant que je ne me présente aux beaux arts de Paris, qui représentent un enjeu énorme à mes yeux. Ce blog est amené à être une sorte de concentré de moi même, brassant et mixant toutes mes influences et mes inspirations. Un lieu de repère, de bilan, de progrès, de motivation, et peut-être de réflexion. Un journal de bord, un carnet de voyage, que je tiendrais tout au long de mon périple : passer de simple étudiante en arts plastiques, à celui d'artiste... Un bon moyen de me motiver je pense, et peut-être également (car je n'oublie pas mes éventuels lecteurs!) de faire des rencontres intéressantes et enrichissantes.

Voilà, j'espère rapidement commencer à fournir un bon aperçu d'où je me situe actuellement (anciens travaux, influences principales, etc), mais ayant une semaine très chargée, le démarrage risque de ne pas se faire de suite.

Merci à ceux qui porteront de l'intérêt à ce blog !